Changement climatique, que faisons-nous réellement ?

Publié le par AlainG

Un petit billet d’humeur en cet été caniculaire 2022

L’évolution de notre climat est maintenant pour l’essentiel de nos concitoyens une certitude qui se confirme année après année au travers des changements modestes mais réels des saisons, du développement de la végétation et de nos conditions de vie. Bien que les scientifiques nous avaient alertés depuis des décennies, nous feignons, collectivement, d’en découvrir les conséquences dans nos vies personnelles au plus profond de nos territoires ruraux comme dans les grandes métropoles.

Cet été 2022 restera sans nul doute dans les mémoires par le développement de plusieurs phénomènes concomitamment qui concrétisent cette évolution climatique inéluctable. Je ne parle même pas des gelées printanières tardives qui ont eu quelques conséquences pour certaines productions agricoles …

Les périodes de canicules à répétition, associées au phénomène de sécheresse durable des sols et sous-sols ont favorisé le développement de feux sur tous types d’espaces, aussi bien agricoles que naturels ou forestiers. Mais on a découvert aussi à cette occasion que l’eau qui coule de notre robinet pouvait un jour ne plus couler … y compris dans nos grands fleuves. Combien de communes sont-elles dans l’obligation de restreindre l’usage de ce précieux liquide ou d’assurer un approvisionnement de leur réseau par camion ? Des dizaines. Et pour une fois, cela ne se passe pas à l’autre bout de la terre, dans des pays en voie de développement. Non, c’est bien chez nous.

La Loire est, par endroit complètement à sec comme dans le Maine-et-Loire, aux Rosiers-sur-Loire.

La Loire est, par endroit complètement à sec comme dans le Maine-et-Loire, aux Rosiers-sur-Loire. © Radio France - Jean-Michel Delage

Ou sont sinon nos géants de l’ingénierie environnementale ? Quelle solidarité entretiennent-ils avec ces collectivités ?

Et que faisons-nous collectivement pour amortir les conséquences de ces désastres ?

Nous continuons à cultiver du maïs sur plus de 3 millions d’hectares (11 % de la surface cultivée en France) y compris dans des régions historiquement avec peu de ressource en eau. Nombre de cultures sont irriguées même si ce n’est pas forcément indispensable (la vigne …) et surtout, nous ne changeons rien à notre mode de vie. Combien de maires ont réclamé une dérogation pour continuer à arroser les fleurs dans leurs communes touristiques, avec la crainte de voir fuir les visiteurs ? Au contraire, c’est une occasion exceptionnelle d’une prise de conscience que l’on ne peut plus faire comme si tout allait bien. Le touriste (qui est aussi un citoyen de cette terre) doit comprendre que nous sommes entraînés dans un maelström avec une issue incertaine et qu’il sera lui aussi, d’une manière ou d’une autre impacté par cette évolution. Les fleurs peuvent ainsi constituer parfois un luxe non indispensable. Les élus aussi devraient le comprendre. Sur la ressource en eau elle-même, si certaines pistes de réutilisation des eaux épurées des stations sont évoquées, il faudrait généraliser l’usage de cette eau à nouveau propre en direction de l’agriculture et/ou du rechargement des nappes. Il est plus que temps …

Et surtout imposer une véritable économie en interdisant tout simplement le lavage des voitures par les systèmes industriels ou particuliers.

Nous savons bien aussi que ces évolutions climatiques associées au réchauffement sont liés à notre modèle économique reposant sur des énergies fossiles. Et pourtant, la période des vacances semble effacer ces réalités au travers d’informations contradictoires. D’un coté, les sempiternels bouchons des « chassé-croisé » de fin de semaine pendant les deux mois de vacances et d’un autre coté des carences avérées en trains à ces périodes cruciales, alors même que les prix sont en forte progression et que la demande sociale explose. Le coût et la disponibilité en trains ne devrait plus être une question mais encore faudrait-il peut-être sortir du modèle économique imposé (concurrence libre et non faussée) pour répondre réellement aux enjeux de déplacements à moindre coût climatique. Le déplacement ferroviaire doit redevenir un service public essentiel à destination d’usagers et non pas de clients ...

Il nous faut bien changer de paradigme rapidement pour avoir une chance de nous en sortir sans trop de dégâts. Mais en avons-nous la volonté ? Il n’est qu’à voir ce qui se passe au sein de nos élites pour en douter.

Pour l’heure, la préoccupation majeure concerne essentiellement l’énergie (non pas pour des histoires de climat mais bien en lien avec le conflit ukrainien) qu’il nous faut économiser au risque de ne plus pouvoir nous éclairer ou nous chauffer cet hiver. Au risque de paraître cynique, même si ce n’est pas mon intention, le conflit ukrainien nous oblige de facto à une certaine résilience en matière d’énergie. Il est triste que ce soit une nouvelle fois un conflit qui nous impose d’évoluer ainsi sous la contrainte.

Nos dirigeants découvrent la nécessité d’une sobriété énergétique à laquelle nous ne pourrons pas échapper que ce soit du fait de la guerre ou de l’urgence climatique. Mais eux-même comment se l’appliquent-ils au quotidien, même symboliquement ? Ils continuent à se déplacer en grosses berlines pour aller de leur ministère à l’Élysée et à faire tourner le moteur même quand ce n’est pas indispensable (https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/crise-climatique/sobriete-energetique-quand-les-voitures-des-ministres-restent-moteurs-allumes-dans-la-cour-de-l-elysee_5283592.html). Si l’exemple ne vient pas d’en haut, comment s’étonner de la défiance populaire face aux injonctions peu crédibles ?

Nous devons tous prendre notre part, du plus modeste au plus puissant, non pas comme on l’entend pour sauver la planète mais bien pour sauver l’essentiel de l’humanité (tous n’auront pas cette chance). Nous ne sommes qu’au début de grands bouleversements et il n’est pas certains que nos démocraties sauront trouver le bon cap. J’espère me tromper.

 

Mardi 09 juillet 2022

Publié dans Climat

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